Introduction de WITB
Dans l’article de cette semaine nous allons encore parler des retraites. En effet, je tenais absolument à partager avec vous l’analyse qu’Yves m’a transmise suite à la publication de l’article « La Mort des retraites…en 2039 ».
Pourquoi?
Parce que c’était exactement le but que je recherchais, ouvrir un débat d’idées et d’opinions sur les retraites, et faire entendre des voix!! Et je remercie chaleureusement mon veil ami d’avoir pris le temps de nous communiquer sa vision. Vous aussi, n’hésitez pas à me contacter pour partager votre vision.
Yves et moi sommes amis depuis 2011. Nous nous sommes rencontrés durant notre VIE (Volontariat International en Entreprises) au Bénin.
Yves est diplômé d’une école de commerce et a exercé les fonctions d’auditeur et de responsable financier avant de finalement tout plaquer en 2015 pour se lancer dans l’aventure entreprenariale de la confiserie artisanale🍬🍭. Je vous laisse apprécier la douceur de son phrasé et le réalisme acidulé de son analyse 😁. Enjoy…
La Vision de Yves sur les Retraites et la société Française
J’ai toujours eu du mal à me voir retraité. L’âge doit surement y être pour quelque chose : j’ai 35 ans, en bonne santé, et l’échéance de la retraite me paraît bien lointaine.
Cependant, le sujet étant tellement brûlant en ce moment, l’article de mon vieux copain Julian « La Mort des retraites…en 2039 », m’a décidé à faire entendre ma voix, et à coucher sur le papier mes pensées. Je lui ai alors envoyé mon analyse qu’il a gentiment proposé de partager. Je vous livre donc aujourd’hui ma vision sans chichis et en toute humilité.
Ma vision
Se générer des revenus passifs, créer de petits business qui « tournent tout seuls » : cela a toujours été mon but pour arriver à l’indépendance financière, tout en gardant une belle qualité de vie.
Une des raisons pour lesquelles j’ai créé mon entreprise est que je suis convaincu que c’est un rempart contre la paupérisation croissante des salariés en France. Ma réflexion vient de ce que j’ai pu observer, lire ou échanger avec diverses personnes.
Il y a aujourd’hui selon moi des tendances lourdes dues à des facteurs économiques, démographiques, technologiques et politiques qui me font penser que l’on va quasiment vers un monde ségrégué, entre ceux qui auront accès aux technologies, à l’éducation, aux emplois qualifiés, à l’information, au capital… et ceux qui n’auront accès qu’à des miettes.
Pour moi, plusieurs facteurs contribuent à cela et voilà le constat que j’ai fait.
L’évolution technologique
Certaines évolutions technologiques, comme l’intelligence artificielle, remettent déjà en cause des professions entières. Les gilets jaunes ont manifesté et l’on a vu toute cette partie de la population qui vit de travail précaire, mal rémunéré, sans possibilité de projection. Ce sont tous les laissés-pour-compte non qualifiés et au bas de l’échelle sociale, sans espoir de montée, qui manifestaient et se faisaient entendre.
Cependant, ce n’est que la partie émergée de l’iceberg. Certaines évolutions technologiques qui arrivent, comme l’intelligence artificielle, vont concerner tout le monde et remettre en cause des professions entières, comme ça a déjà été le cas par le passé.
Aujourd’hui, certains algorithmes analysent mieux des radios médicales que les radiologues ou détectent plus efficacement des cancers que les cancérologues. Et on parle de gens qui se sont tapés 9 ans d’étude, pas du manutentionnaire chez Amazon. Il va y avoir une remise en cause complète de certaines professions aujourd’hui très valorisées avec un potentiel déclassement social inouï.
L’évolution de l’environnement : s’adapter ou disparaître
Notre environnement social a évolué lui aussi. L’exemple le plus édifiant en est notre système de retraite.
Hérité du programme du Conseil National de la Résistance au milieu des années 40, notre système de répartition dans les années 60 reposait sur les paramètres suivants :
- Une croissance annuelle de 5%
- Le plein emploi
- 1 retraité pour 4 actifs
- L’âge de la retraite était de 65 ans quand l’espérance de vie était de… 69 ans
En comparaison, voici les mêmes statistiques aujourd’hui :
- Quand la croissance annuelle est de 1,5%, c’est la fête!
- Le chômage, lui, dépasse régulièrement les 8%,
- On compte désormais 1 retraité pour 1,8 actifs
- Notre espérance de vie est désormais supérieure à 80 ans !
Vous comprendrez donc aisément que ces évolutions contextuelles mettent à mal notre bon vieux système basé sur la solidarité entre les générations.
Ce pacte générationnel de solidarité où les actifs cotisent pour les retraités est d’autant plus remis en cause que les actifs n’ont plus confiance en ce système ! En effet ils pensent, et probablement à juste titre, qu’ils cotisent pour un système de retraite auquel ils n’auront jamais accès.
Faut-il s’obstiner, s’entêter et se taper sur la gueule ? Ou alors, discuter, échanger pour au final créer un système plus résilient, plus juste et plus adapté à notre contexte actuel ?
Je pense que, mis à part quelques bastions d’irréductibles qui se battent pour des privilèges qui aujourd’hui ne se justifient plus, une grande majorité de notre génération s’est résignée à l’idée de devoir travailler plus longtemps. Cela signifie-t-il pour autant que nous finirons nos vies de retraité confortablement ? Je ne le pense pas.
L’évolution sociétale – Une société en sablier
Enfin, la paupérisation progressive et généralisée de la classe moyenne va scinder la société française. Je lisais un article à ce sujet récemment dans le Point qui reprenait une expression que j’emploie depuis un certain temps : « nous allons vers une société en sablier ».
En Allemagne, dont on nous a rabâché que c’était un modèle à suivre, 40% de la population est exclue du « miracle allemand » : temps partiel non choisi, travail précaire, mal rémunéré…
Ce phénomène arrive aussi en France, où on remarque l’explosion des petits boulots type livreur Uber Eats à vélo (les esclaves 2.0). Notre système social joue un rôle d’amortisseur de précarité, mais pour combien de temps encore ? Je vous invite à écouter également l’analyse d’Emmanuel Todd sur France Culture.
Autre exemple : mon père faisait de la prospection foncière en Bretagne : il cherchait des terrains pour des promoteurs immobiliers. Il a constaté dans de nombreux cas le schéma suivant: un bien de famille est mis en vente suite à un décès par exemple. Le fruit – souvent conséquent – de la vente revient donc aux héritiers. Après le paiement des taxes, des droits de succession, etc., le pécule de la vente est maigre et rapidement dépensé.
Et que reste-t-il aux générations suivantes ? Des patrimoines familiaux importants, fruits du labeur des générations précédentes, s’évanouissent définitivement. La paupérisation est lente, massive et inexorable en France. Elle n’éclate pas encore car les générations actuelles vivent toujours sur les acquis des précédentes. Mais que se passera-t-il quand tout aura été dépensé ?
Ce phénomène pose évidemment la question de notre modèle social : comment demander à des gens qui se battent pour survivre de financer un modèle dont ils ne profiteront pas ? Comment faire confiance à un modèle basé sur la solidarité quand une majorité de la population subit un déclassement ? Ces paramètres sont fondamentaux pour anticiper la situation globale vers laquelle nous nous dirigeons. Suite à cette analyse, j’ai donc pris un jour la décision de changer de vie.
Ma solution : La création de valeur
C’est pour cela que j’ai fait le choix de créer mon entreprise. Seul moyen pour moi de créer de la valeur de manière autonome et de bâtir mon patrimoine. Je ne me vois pas dépendre d’un système social généreux mais inadapté au monde actuel et dépendant d’un géant aux pieds d’argile. Que se passera-t-il pour un État surendetté si les taux d’emprunt remontent, même légèrement ?
Il est impératif de gagner son autonomie financière et patrimoniale en ne dépendant de personne. Les évolutions technologiques actuelles remettront en cause le rôle même de l’État, et donc ses capacités d’action. Le jour où une cryptomonnaie globale basée sur la blockchain suscitera assez de confiance parmi les utilisateurs, c’est le pouvoir régalien de l’émission de monnaie qui sera chamboulé.
Sauf à devenir une dictature, l’État ne pourra rien y faire. Et ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Gardons bien en tête que certains combats d’arrière-garde comme on les voit en France ne sauveront personne. Ce n’est pas en protégeant les constructeurs de carrosse qu’on aurait empêché l’éclosion de l’automobile. Le monde change, à chacun de décider si on veut en subir les évolutions ou profiter des opportunités à saisir.
Je ne suis pas un pessimiste. Je crois en un avenir meilleur, dans le progrès. Je pense qu’il est possible de se créer une belle vie pour soi et sa famille. Je partage avec vous mon analyse et j’ai pris des décisions en conséquence. Libre à vous de ne pas partager mes opinions évidemment.
Ce n’est pas un appel à l’individualisme forcené que je fais mais plutôt une invitation à une prise de conscience et à la responsabilisation individuelle : le changement commence par soi-même.
Réfléchissons, agissons et comptons d’abord sur nous-mêmes. Nous avons aujourd’hui une chance extraordinaire : l’information est disponible pour tous, et ce, quasiment gratuitement. On peut se former dans tous les domaines avec une certaine facilité pourvu qu’on en fasse l’effort. Tout est possible à qui veut s’en donner les moyens. J’ai l’exemple dans mon entourage d’un ami qui était professeur de sport et qui a changé radicalement pour devenir conseiller en gestion de patrimoine, financement et fiscalité. Il a énormément travaillé mais aujourd’hui, il est indépendant. C’est un exemple parmi tant d’autres. Avec la bonne attitude, de la volonté et du travail, on arrive à tout.
Comme disait Churchill : « Le succès, c’est d’aller d’échec en échec sans perdre de son enthousiasme ».
Yves